ASUNCION, Paraguay – L’ancienne star du FC Barcelone est sortie de prison au bout de 32 jours. Mais Ronaldinho doit rester à Asunción, où il est en résidence surveillée, à disposition de la justice paraguayenne.
Son large sourire ne l’a jamais quitté. Et il peut sourire maintenant Ronaldinho, puisqu’il a pu quitter sa prison le 7 avril 2020, le soir. En short et en signant, à un admirateur venu le guetter, un autographe sur un maillot du Gremio de Porto Alegre, le club de ses débuts.
« Ronnie » et Assis, son frère et agent, auront donc passé un mois derrière les barreaux, libérés en échange d’une caution de 1,6 million de dollars américains. Mais les frères Assis Moreira ne peuvent pas quitter le Paraguay, car ils ne sont qu’en liberté surveillée, enfermés dans le luxueux hôtel Palmaroga du centre historique de cette petite capitale sud-américaine. « À leurs frais », a précisé le juge chargé de dossier.
C’est aussi dans un hôtel d’Asunción que les deux anciens footballeurs avaient été arrêtés, pour possession de faux papiers à leur entrée sur le sol paraguayen.
Superstar en prison
Le séjour forcé en prison aura été long, mais apparemment peu pesant pour l’ancienne star du Barça et du PSG ! Les photos et images de son enfermement le montraient jouant au football, ou au foot-volley. Ses camarades d’infortune se disputaient sa présence dans leur équipe. R10 jouait même dans l’équipe qui a remporté un tournoi de futsal et gagné le gros lot : un cochon de 16 kilos !
Des témoignages dans la presse paraguayenne racontent aussi que sa cellule restait ouverte aux nombreux visiteurs curieux de rencontrer celui qui devint champion du monde en 2002 et Ballon d’Or en 2005. Des anonymes ou des footballeurs du Paraguay, comme l’ex-capitaine de l’équipe nationale Carlos Gamarra, sont venus prendre des selfies, et le soutenir moralement.
Ainsi dans ce pays aux prisons vétustes et surpeuplées, bénéficiait-il d’une cellule individuelle à la Caserne de police, où des dons avaient amélioré son petit espace, d’un frigo-bar, d’une télé, d’un lit, d’un appareil d’air conditionné. Il avait également pu conserver un téléphone !
Certains de ses 167 codétenus pleuraient lorsqu’il est parti hier soir. « La présence de ce célèbre footballeur a provoqué enthousiasme et joie parmi les prisonniers », avait constaté le commissaire en chef des lieux, Blas Vera.
Le 21 mars dernier, jour de ses 40 ans, Ronaldinho avait reçu un message spécial de son ancien partenaire du FC Barcelone, le Camerounais Samuel Eto’o, via les réseaux sociaux : « Je ne peux pas te dire le sentiment qui m’habite. Je ne peux pas imaginer ce que tu vis. Je peux seulement t’envoyer de la force et te dire que je t’aime beaucoup. J’espère que tout va rapidement se régler parce que tu es une bonne personne (…) Tu peux compter sur moi pour faire tout ce qui est nécessaire. Je ferais ce qui est en mon pouvoir (…). »
Une procédure freinée par le coronavirus
Les Brésiliens, de leurs vrais noms Ronaldo et Roberto de Assis Moreira, vont maintenant devoir s’armer de patience, car l’instruction de leur dossier est aussi figée que la justice paraguayenne, en raison du coronavirus. Quatorze autres personnes sont inculpées dans cette affaire de faux papiers.
Au Brésil, les admirateurs et supporters de Ronaldinho qu’ils surnomment « o Bruxo », le sorcier du ballon, se demandent toujours ce qui s’est tramé derrière ce voyage étrange. Le projet caritatif, évoqué comme excuse, était très vague, trop croit-on, pour tromper les deux voyageurs.
Ronaldinho a, depuis toujours, mérité grâce à son talent spectaculaire, la bienveillance des Brésiliens pour sa vie personnelle faite de fêtes, de musique et d’aventures amoureuses. Depuis la fin de sa carrière en 2016, il continuait à enchanter, au gré des sollicitations pour des matches exhibition à travers le monde.
Dans son pays, R10 a aussi créé un match caritatif annuel pour Noël ; un « Natal Show de Bola » destiné à recueillir des denrées alimentaires pour des enfants pauvres. À sa sortie, il faudra sans doute à Ronaldinho, travailler beaucoup pour retrouver son honneur perdu.
Source/RFI
Photo/Archives
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